En 1964, la Loi sur la capacité juridique de la femme mariée accorde aux agricultrices les moyens de faire reconnaître et d’exercer leur citoyenneté dans l’univers conjugal et dans la conduite des affaires de la ferme. Elles peuvent élargir et diversifier leurs rôles et prendre une place mieux découpée dans l’activité de la ferme qui devient progressivement une entreprise familiale.
En matière associative, deux organismes regroupent les femmes en agriculture avant le milieu du 20e siècle. Le Cercle des fermières est fondé en 1915 et croît sous l’aile du ministère de l’Agriculture. L’Union catholique des fermières est créée en 1944 comme branche de l’Union catholique des cultivateurs. Après des décennies d’effort et de mobilisation, c’est en 1986 qu’est créée la Fédération des agricultrices qui consacre la reconnaissance professionnelle du métier d’agricultrice. Les agricultrices s’inscrivent alors de plus en plus dans les structures de propriété au point où au tournant de l’an 2000 elles sont copropriétaires ou actionnaires de la moitié des fermes.
Dans les vingt dernières années, l’élan de féminisation de la profession agricole s’est poursuivi tandis que près de 45% des fermes en démarrage sont désormais de leur initiative. Plus diplômées que les hommes, elles n’ont pas fini de démontrer tout leur potentiel dans le monde agricole.
Au cumul, ces avancées offrent l’opportunité aux héritières actuelles des luttes d’hier « de consolider les acquis et de continuer de construire la voie aux prochaines générations d’agricultrices. », pour reprendre ici les propos de Jeannine Messier, présidente de la Fédération des agricultrices du Québec. Le monde agricole québécois peut effectivement compter sur la contribution vitale des femmes qui y insufflent, de nos jours, un dynamisme renouvelé.