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Les agriculteurs ont d’ailleurs joué un rôle important dans l’effort de guerre au cours des deux grands conflits armés du 20e siècle. Le maintien de l’alimentation des troupes, de l’approvisionnement des alliés et des populations locales les a mobilisés. Lors de la Grande Guerre, dès le début des hostilités, le Québec achète des milliers de tonnes de fromage à la Coopérative des fromagers (l’une des coopératives fondatrices de Sollio) pour qu’elles soient acheminées vers la Métropole anglaise. En plus du fromage, les exportations de certaines viandes vers la Grande-Bretagne furent telles que le Contrôleur des vivres recommande aux canadiens en 1917 de cesser de consommer du bacon deux jours par semaine. Le rationnement n’était pas affaire de pénurie, mais de priorité.

La Deuxième Guerre mondiale a requis un effort de guerre similaire. Tandis que les combats et les blocus bouleversent les chaînes d’approvisionnement et rendent difficile l’accès aux denrées sur le vieux continent, les prix à la ferme doublent entre 1939-1944. La guerre n’a donc pas apporté que des malheurs. Elle a provoqué des changements qui ont accéléré le passage à l’agriculture marchande dans plusieurs cas en plus de généraliser la transition vers une plus grande industrialisation et mécanisation. Les politiques économiques et les modes de production ont muté.

Au-delà des combats et de l’augmentation des exportations, les deux guerres mondiales auront eu des effets profonds sur les pratiques agricoles et sur les politiques économiques. Les engrais azotés se répandent grâce aux travaux de l’inventeur du gaz moutarde, le Nobel de chimie Fritz Haber. La motorisation déclasse le cheval tandis que le pétrole et l’électricité remplacent le vent comme forme d’énergie. En matière de politique commerciale, les craintes de famine qu’ont fraiches en mémoire les dirigeants européens offrent à l’agriculture un statut spécial dans les accords du GATT (General agreement on tarifs and Trade). Cette exception agricole a offert pendant plusieurs années une plus large latitude aux États qui ont pu adopter des politiques agricoles nationales qui leur étaient propres.